La mort fait partie de la vie, mais reste une réalité difficilement pensable surtout lorsqu’elle touche un enfant et qu’il s’agit alors d’envisager le processus psychique consécutif à cette perte définitive qu’est le deuil. Le fait qu’un enfant, surtout très jeune, puisse souffrir psychiquement de la perte d’un proche reste difficile à admettre et bien des enfants endeuillés se retrouvent seuls face à un monde d’adulte indifférent à sa détresse, car convaincu qu’il ne peut pas être touché comme eux puisqu’il n’exprime pas son chagrin de la même fa ̧con. Cette méconnaissance de la clinique du deuil chez l’enfant et ses spécificités selon les âges, n’est pas sans conséquence pour leur devenir, comme en témoignent les souffrances psychiques d’adultes endeuillés dans leur enfance et confrontés, enfants, au déni de leur entourage. Notre pratique clinique nous amène à intervenir auprès d’enfants endeuillés à différents moments de cette épreuve, que ce soit dès le moment de l’annonce du décès ou de leur prise en charge quand ils ont été confrontés à cette mort, dans les jours ou les mois qui suivent ; mais également des années plus tard quand, devenus adultes, leur deuil infantile est réactivé à l’occasion de la confrontation à un autre événement traumatique. Cette expérience nous a permis de constater combien il est essentiel de connaître les spécificités des manifestations cliniques du deuil selon les âges car, trop souvent, la souffrance des enfants endeuillés n’est pas comprise pour ce qu’elle est. Nous aborderons dans un premier temps ce qui fait du deuil infantile une réalité impensable ; nous discuterons ensuite de la pluralité contextuelle de ces deuils et de leurs manifestations selon la période infantile où ils surviennent ; enfin, à partir des éléments repérés dans notre pratique clinique nous envisagerons, à la lumière de l’état actuel des publications sur ce sujet, les éléments qui apparaissent comme source de survictimisation du deuil infantile et ceux qui permettent de renforcer les ressources résilientes individuelles et collectives.

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